Après plusieurs semaines d’attente qui ont donné l’occasion aux
analystes politiques d’épuiser toutes leurs batteries, le président de la
République, Mohamed Ould Abdel Aziz a pris de cours tout le monde en désignant
à la tête du gouvernement un technocrate sur lequel personne n’avait misé.
Et, pourtant, Yahya Ould Hademine qui était jusque-là ministre de l’Équipement a bien fait ses preuves lors du précédant mandat où il a eu à
mener à bien de grands travaux, des infrastructures qui ont bien changé entre
autres le visage de la capitale, des réalisations que même les opposants les
plus irréductibles reconnaissent aujourd’hui, même si c’est du bout des lèvres.
Ainsi donc, la nomination de ce cadre aussi bien éduqué et ouvert
que son prédécesseur est un bon signe en soi et laisse présager de belles
surprises dans la marche laborieuse vers le développement.
Par ailleurs, l’attelage gouvernemental composé de 26 ministres
dont 9 entrants dénote d’une volonté claire du président Aziz de continuer sur
la même lancée. Ce n’est donc pas un hasard si tous les ministres clés ont
conservé leurs postes.
Mais toujours est-il que, dans des secteurs comme l’Éducation, il
va falloir entreprendre des réformes en profondeur pour rectifier le tir. Le
jeune ministre en charge du secteur a commencé certes à secouer le Mamouth,
mais il va falloir beaucoup plus d’énergie, de courage et de fermeté pour
mettre hors d’état de nuire les mafias qui gangrènent le secteur et annihilent
tout effort de changement.
A noter par ailleurs que le remerciement de certains ministres est
d’une grande portée symbolique. C’est le cas par exemple de Ould Maham, ex
ministre de la Communication qui, au cours de son bref passage au gouvernement
s’est fait trop d’ennemis, une situation qui s’explique par une attitude
caractérisée par l’excès de confiance en soi et la suffisance.
Présenté comme l’un des hommes fort du régime, voilà qu’il se
retrouve au fond de la vague !Comme quoi, avec le président Aziz, il ne
faut pas trop essayer de se faire voir à l’image du nouveau premier ministre
dont la politesse et l’humilité devraient inspirer tous les membres de son
équipe et notamment tous ceux qui seraient tentés de bomber le torse.
Autre message à décrypter dans ce nouveau gouvernement, c’est le
départ d’Ahmed Ould Neini dont le département a été secoué par plusieurs
scandales et la propulsion à la tête du ministère des Affaires Islamiques de Ahmed Ould Ehel Daoud,
un des oulémas les plus contestés par l’IRA de Biram Ould Dah Abeid, la
nouvelle étoile montante de la classe politique mauritanienne.
L’on se rappelle en effet que ce jeune lettré avait soulevé en
juillet 2012 un tollé au sein des militants de l’IRA, de l’Opposition et du
parlement lors d’une intervention provocatrice sur les ondes de Radio Coranique
de Mauritanie, au sujet de l’esclavage et des anciens esclaves.
Alors Conseiller du ministre des Affaires Islamiques, ses propos
lui avaient valu un limogeage immédiat par le Conseil des ministres.
Depuis, Biram a pris du galon allant même jusqu’à défier le
président Aziz aux présidentielles avec le score qu’on connait.
Donc face à l’ascension fulgurante de Birame, le retour en grâce de
l’un de ses ennemis jurés ne peut pas être une coïncidence !