Mon pays appartient à la sphère des anciens pays colonisés qui,
aujourd’hui encore souffrent toujours des affres du sous-développement.
C’est un coin de désert bordé par l’océan atlantique et coincé
entre l’Afrique Occidentale et le Maghreb.
Comme vous l’aurez peut-être deviné, c’est la Mauritanie présenté
par Me Mokhtar Ould Dadah, le « père de l’indépendance » comme un
trait d’union entre l’Afrique noire et le Maghreb arabe.
Mon pays, c’est le lieu par excellence des paradoxes. C’est à la
fois un pays ou rien ne va et où tout va bien. Cela dépend du camp dans lequel
on se situe, celui du pouvoir ou celui du citoyen lambda.
En effet, les citoyens croupissent sous la misère et sont voués au
fatalisme. Mais, pour les dirigeants, c’est le pays de cocagne où « tout
est pour le mieux dans le meilleur des mondes.»
C’est ainsi que malgré l’état pitoyable dans lequel vivent les
citoyens, les dirigeants du pays ne se gênent pas à faire, à longueur de
journée, des déclarations fracassantes sur la bonne santé économique, des
professions de foi à dormir debout.
C’est ainsi que le rapport mondial 2014 sur le développement humain
indique que 42, 3% de la population mauritanienne vivent dans une
« extrême pauvreté » et que 12,8 %
« sont en quasi-pauvreté multidimensionnelle ».
Mais ce n’est pas là l’avis du président mauritanien qui a affirmé
récemment, avec assurance, que le pays s’apprête à rejoindre les Etats à
revenus intermédiaires.
Donc, au moment où les dirigeants crient sur tous les toits que les
indicateurs économiques sont au vert, que les caisses de l’Etat sont pleines et
que les réserves en devises sont exorbitantes, près de la moitié des
mauritaniens vivent sous le seuil de la pauvreté.
Cette propension à nier la réalité et à transformer les échecs en
victoires vient d’être poussée à son paroxysme par le ministre de
l’enseignement supérieur.
En effet, pour l’année 2014, moins de 10% des candidats au bac
étaient reçus. C’est là, à n’en pas douter, l’un des taux de réussite les plus
faibles au monde.
Seulement, pour notre honorable ministre, ce résultat était
magnifique, voire même historique.
Selon lui, une bonne dizaine d’heureux élus est parvenue à
décrocher le bac avec des moyennes jamais égalées dans les annales de notre
système éducatif.
Poursuivant son raisonnement, et persuadé de s’adresser à des
bourriques, il a poussé l’audace jusqu’à déclarer pompeusement sur le plateau
de la télévision nationale, que cette dizaine de « génies » permettra
d’alimenter la dizaine de centres, d’écoles supérieures et autres universités
construites à coups de milliards par le gouvernement.
Ce sont là quelques bribes d’exemples qui en disent long sur ce qui
est réellement mon pays, chez moi.
Bakari Guèye
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