lundi 30 septembre 2013

Conférence de presse des dirigeants des FLAM : Préconisation d’une autonomie pour le Sud



Les dirigeants des FLAM(les Forces de libération africaines de Mauritanie) rentrés mardi dernier au bercail après 23 ans d’exil ont tenu dimanche après midi à Nouakchott une conférence de presse pour édifier l’opinion nationale sur leurs intentions et leur feuille de route.
Pour Samba Thiam, président des Flam plusieurs facteurs ont poussé les dirigeants à rentrer en Mauritanie. D’abord dit-il y a eu le retour des réfugiés(le droit au retour qui a été reconnu) ; ce fut là un facteur déterminant ; ensuite soutient Samba Thiam, il y a eu ce début prometteur de changement de mentalité aussi bien au niveau de la classe politique qu’au niveau de la société ; cela veut dire qu’il y a une plus grande liberté d’expression.
Et le président des FLAM d’ajouter : « Nous sommes revenus pour tenter de trouver avec nos frères arabo-berbères des solutions aux problèmes de la cohabitation entre les communautés. Et pour nous, l’autonomie semble être la solution la plus indiquée.Nous rendrons public un projet dans ce sens. Nous devons dialoguer pour faire de ce pays un havre de paix. »
M. Thiam note que les FLAM vont prochainement tenir des assises pour adopter la forme de transformation la plus adaptée.
Le retour des FLAM est également motivé par la volonté de venir expliquer de près le discours et les idées défendus par le mouvement.
Les FLAM veulent contribuer à la cohésion nationale
Selon le président Thiam, ce discours a été déformé par les pouvoirs successifs et notamment celui de Ould Taya. « Il y a eu une propagande monstrueuse selon laquelle les FLAM sont des racistes dont l’objectif est d’égorger tous les maures et de s’accaparer du pouvoir au profit des seuls peulhs.
C’est tout à fait faux. Et M. Thiam de renvoyer à ces passages du Manifeste du Négro-Mauritanien opprimé, qui répond clairement : « Il faudrait que le Négro Mauritanien comprenne qu’il ne doit pas s’insurger contre le Beydane en soi, mais contre l’appareil d’État arabo-berbère raciste et oppresseur, afin que Blancs et Noirs puissent enfin dialoguer à égalité, se battre ensemble pour des lendemains plus certains […] Les problèmes mauritaniens doivent être posés par des Mauritaniens, discutés entre Mauritaniens et solutionnés par les Mauritaniens eux-mêmes.
« Notre amour pour ce pays nous commande à inviter toutes nos nationalités à un dialogue des races et des cultures, dans lequel nous nous dirons la vérité pour guérir nos maux. Il faut que nous traduisions dans la réalité nos appels au salut national et au redressement de notre pays, au lieu de dépenser toutes nos ressources et toutes nos potentialités humaines dans des querelles raciales et culturelles dont les principaux bénéficiaires ne seraient certainement pas les Mauritaniens. »
On est donc loin d’un appel à la vengeance, au meurtre, comme cela avait été affirmé le pouvoir d’antan  pour justifier ses exactions envers les Négro-Mauritaniens.
Notons que ce retour pour Samba Thiam, c’est d’abord l’émotion de retrouver son pays natal. « Je suis très ému ! Et je suis aussi très heureux de fouler le sol national. J’ai été profondément ému de constater que cette foule, sous cette chaleur torride, était là pour m’accueillir. C’est une manière de m’affirmer que les vingt-trois ans d’exil n’ont pas été vains ».
Rappelons que c’est en 1983 que naissaient les Flam, les Forces de libération africaines de Mauritanie, un mouvement qui disait vouloir libérer la communauté négro-mauritanienne d’un système jugé raciste.
En 1986, la Mauritanie est en effervescence. Le régime du colonel Taya découvre un document, « le manifeste du négro-Mauritanien opprimé » qui fait le procès de la cohabitation entre les différentes communautés. Malgré un constat sans concession, le Flam appelle au dialogue entre « Mauritaniens pour se dire la vérité ». Une répression s’abattra sur le mouvement : les cadres négro-mauritaniens sont arrêtés ou activement recherchés. Après un procès rapidement expédié, les principaux animateurs de l’organisation sont envoyés au fort de Walata où quelques-uns (Bâ Abdoul Ghoudouss, Bâ Alassane Omar, Djigo Tafsirou et l’écrivain Tène Youssouf Guèye) décèderont des suites de leur condition de détention. Commencera donc le long exil des membres du Flam.
Ainsi donc avec ce retour au pays, c’est une nouvelle page de l’histoire des FLAM qui commence.

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