Les
dirigeants des FLAM(les Forces de libération africaines de Mauritanie) rentrés
mardi dernier au bercail après 23 ans d’exil ont tenu dimanche après midi à
Nouakchott une conférence de presse pour édifier l’opinion nationale sur leurs
intentions et leur feuille de route.
Pour
Samba Thiam, président des Flam plusieurs facteurs ont poussé les dirigeants à
rentrer en Mauritanie. D’abord dit-il y a eu le retour des réfugiés(le droit au
retour qui a été reconnu) ; ce fut là un facteur déterminant ;
ensuite soutient Samba Thiam, il y a eu ce début prometteur de changement de
mentalité aussi bien au niveau de la classe politique qu’au niveau de la
société ; cela veut dire qu’il y a une plus grande liberté d’expression.
Et
le président des FLAM d’ajouter : « Nous sommes revenus pour tenter
de trouver avec nos frères arabo-berbères des solutions aux problèmes de la
cohabitation entre les communautés. Et pour nous, l’autonomie semble être la
solution la plus indiquée.Nous rendrons public un projet dans ce sens. Nous
devons dialoguer pour faire de ce pays un havre de paix. »
M.
Thiam note que les FLAM vont prochainement tenir des assises pour adopter la
forme de transformation la plus adaptée.
Le
retour des FLAM est également motivé par la volonté de venir expliquer de près
le discours et les idées défendus par le mouvement.
Les FLAM veulent contribuer à la
cohésion nationale
Selon
le président Thiam, ce discours a été déformé par les pouvoirs successifs et
notamment celui de Ould Taya. « Il y a eu une propagande monstrueuse selon
laquelle les FLAM sont des racistes dont l’objectif est d’égorger tous les
maures et de s’accaparer du pouvoir au profit des seuls peulhs.
C’est
tout à fait faux. Et M. Thiam de renvoyer à ces passages du Manifeste du
Négro-Mauritanien opprimé, qui répond clairement : « Il faudrait que le Négro
Mauritanien comprenne qu’il ne doit pas s’insurger contre le Beydane en soi,
mais contre l’appareil d’État arabo-berbère raciste et oppresseur, afin que
Blancs et Noirs puissent enfin dialoguer à égalité, se battre ensemble pour des
lendemains plus certains […] Les problèmes mauritaniens doivent être posés par
des Mauritaniens, discutés entre Mauritaniens et solutionnés par les
Mauritaniens eux-mêmes.
«
Notre amour pour ce pays nous commande à inviter toutes nos nationalités à un
dialogue des races et des cultures, dans lequel nous nous dirons la vérité pour
guérir nos maux. Il faut que nous traduisions dans la réalité nos appels au
salut national et au redressement de notre pays, au lieu de dépenser toutes nos
ressources et toutes nos potentialités humaines dans des querelles raciales et
culturelles dont les principaux bénéficiaires ne seraient certainement pas les
Mauritaniens. »
On
est donc loin d’un appel à la vengeance, au meurtre, comme cela avait été
affirmé le pouvoir d’antan pour
justifier ses exactions envers les Négro-Mauritaniens.
Notons
que ce retour pour Samba Thiam, c’est d’abord l’émotion de retrouver son pays
natal. « Je suis très ému ! Et je suis aussi très heureux de fouler le sol
national. J’ai été profondément ému de constater que cette foule, sous cette
chaleur torride, était là pour m’accueillir. C’est une manière de m’affirmer
que les vingt-trois ans d’exil n’ont pas été vains ».
Rappelons
que c’est en 1983 que naissaient les Flam, les Forces de libération africaines
de Mauritanie, un mouvement qui disait vouloir libérer la communauté
négro-mauritanienne d’un système jugé raciste.
En
1986, la Mauritanie est en effervescence. Le régime du colonel Taya découvre un
document, « le manifeste du négro-Mauritanien opprimé » qui fait le
procès de la cohabitation entre les différentes communautés. Malgré un constat
sans concession, le Flam appelle au dialogue entre « Mauritaniens pour se dire
la vérité ». Une répression s’abattra sur le mouvement : les cadres
négro-mauritaniens sont arrêtés ou activement recherchés. Après un procès
rapidement expédié, les principaux animateurs de l’organisation sont envoyés au
fort de Walata où quelques-uns (Bâ Abdoul Ghoudouss, Bâ Alassane Omar, Djigo
Tafsirou et l’écrivain Tène Youssouf Guèye) décèderont des suites de leur
condition de détention. Commencera donc le long exil des membres du Flam.
Ainsi
donc avec ce retour au pays, c’est une nouvelle page de l’histoire des FLAM qui
commence.
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